Hyper MP est une nouvelle technologie, actuellement testée par l'un des plus grands répertoires de torrents, pour financer les torrents de vidéos via l'insertion de petites pubs clickables.

Hyper MP, qui est un distributeur de financement et de solutions vidéos numériques, est essayé par Mininova afin d'inciter davantage de distributeurs légaux à diffuser leur contenu sur sa plate-forme.

Battle Therapy, une comédie australienne réalisée par des amateurs, sert de test pour cette technologie qui, si elle s'avère fructueuse, pourrait permettre aux utilisateurs de "télécharger et de regarder des films et des séries TV sous licences, gratuitement".

Cela a l'air sympa, bien que nous pouvons déplorer l'absence de support pour Linux et Mac, et malgré quelques réserves exprimées par des internautes telles que le besoin de s'enregistrer pour lire le fichier, le lecteur média intégré, et le fait que c'est un fichier .exe, ce qui est inhabituel pour une vidéo.

Ce dernier point est d'autant plus important qu'un fichier exécutable peut délivrer un virus, donc cela peut effrayer les utilisateurs au début, en particulier à la lumière des tentatives qu'on a déjà vues d'ajouter des pubs dans des torrents, qui se sont parfois révélées être des spams.

En effet, PeerMatrix, par exemple, s'est présenté comme une technologie révolutionnaire alors qu'en réalité c'est une ingénieuse escroquerie qui génère un faux fichier du même nom qu'une quelconque recherche, peu importe le type de fichier, conduisant les gens à télécharger des pubs, des spams, et même potentiellement des virus.

La ligne de démarcation entre les pubs et les spams est assez mince, et nous pouvons comprendre  la réticence des gens pour accueillir un énième projet de publicité. Cependant, le futur de la télévision est sur la toile, donc toute nouvelle démarche pour essayer de rassembler légalement tous les médias  et annonceurs dans le monde de BitTorrent doit être accueillie avec l'esprit ouvert. Par ailleurs, les logiciels de partage de fichiers représentent 200 millions d'utilisateurs, donc nous pouvons imaginer la tentation de les cibler.

Mais une question demeure : "est-ce que les internautes vont continuer à télécharger des torrents si on y ajoute des pubs ?" Si la technologie utilisée est légitime comme Hyper MP semble l'être, je pourrais voir cette initiative marcher à terme. Cependant, cela va se heurter à de nombreuses réticences, non seulement de la part des utilisateurs, qui se sont en partie tournés vers le Web pour échapper aux pubs, mais aussi de la part des gros distributeurs de médias qui ont un  train de retard dans l'acceptation des technologies P2P.

Nous allons donc devoir attendre pour voir si de grosses productions cinématographiques sont diffusées de cette manière afin de voir si cette technologie a une chance, ou si les internautes se tourneront simplement vers une alternative sans pubs, peut-être sur une autre plate-forme de torrents...

Source (en anglais)

Le "Monaco Media Forum 2008" a accueilli un prestigieux orateur, Lawrence Lessig, Professeur de la Faculté de Droit de Stanford et co-fondateur de Creative Commons.

Son discours tourne autour des droits, des copyright et des licences liées au contenu média et aux technologies numériques. C'est inspirant et divertissant à la fois, tout en soulevant des points cruciaux à propos du futur et de l'évolution des médias numériques.

Lawrence Lessig parle également de la créativité des internautes sous la forme de "music video" ou de vidéos "call & response" qui consistent à prendre du contenu déjà existant et à le remixer de notre propre façon. Ces types de vidéos, qui sont un très bon moyen d'exprimer sa créativité, se heurtent souvent à des questions juridiques.

J'ai particulièrement aimé la conclusion de Lessig qui résume bien le problème : "on ne peut pas tuer cette forme de créativité, on ne peut que la criminaliser".

Si vous n'avez pas eu la chance d'assister à cette conférence, vous pouvez regarder la vidéo ci-dessous (désolée pour les non-anglophones, mais cette vidéo est en anglais).

Et si vous souhaitez approfondir le sujet, vous pouvez regarder "Steal This Film", qui est décrit comme "une série de films documentant le mouvement contre la propriété intellectuelle".

La loi Hadopi fait encore beaucoup parler d'elle. En l'occurrence, cette loi Création et Internet est maintenant l'objet de tirs croisés entre deux sites Internet qui, bien qu'ils se ressemblent, sont loin de s'assembler.

En effet, les deux sites qui arborent des designs similaires, comme vous pouvez le voir sur les bannières ci-dessus, s'opposent néanmoins intégralement dans leur position et leur contenu.

• "J'aime les artistes.fr" a été créé à l'initiative du gouvernement et se présente en tant que FAQ sur le loi Hadopi et sur les questions qui lui sont associées. Certains voient cela comme de la propagande et dénoncent une campagne par email aux allures de spam.

• "J'aime les internautes.com", site parodique, a été créé en réponse au premier site, afin de dénoncer cette loi et d'expliquer les raisons de son rejet par une grande partie de la communauté Internet, par des députés, des experts, des artistes et des chefs d'entreprises qui ont manifesté leur position en signant la pétition lancée par SVM.

Un des points les plus contestés concerne la sanction de coupure de l'accès à Internet, c'est-à-dire le 3ème échelon de la riposte en 3 temps. Cette idée nous interpelle car le point de vue défendu par le Président Sarkozy lui-même est que l'accès à Internet pour tous est une commodité essentielle et constitue un élément important du droit à l'information, à la connaissance et à la communication (cf. les assises du numérique) sans lequel on est exclu de la société de l'information. Il projette même d'établir un droit opposable à l'Internet haut-débit. Etre privé d'Internet, n'est-ce pas alors une sanction extrêmement grave ? démesurée ? déséquilibrée ? Sachez que si la loi HADOPI passe en l'état, cette sanction sera applicable par simple décision administrative, sans nécessiter l'intervention d'un juge, et sans même donner l'occasion à l'internaute de se défendre. Cette perspective fait froid dans le dos.

Si vous voulez approfondir la question, je vous invite à visiter ces différents sites qui donnent une bonne idée de la bataille qui se joue. Faites aussi un tour sur Numerama qui exprime très clairement sa position à l'encontre de cette loi, et a élaboré une liste de dix points qui démontrent pourquoi il faudrait rejeter la loi Hadopi.